11 décembre, 2014

Peillard: Premier Voyage autour du Monde, Magellan



Le dessin en rouge est un bateau Viking!? Au moins c'est une gravure en relief plutot qu'une simple image








Je pensais que l'arrivée d'internet a fait disparaitre un des moteurs essentiels de la lecture : L'apprentissage. J'ai toujours apprécié d'apprendre un fait réel en lisant un roman. Que ce soit un trait de biographie, l'histoire d'un pays ou plus fréquemment les détails précis sur un métier, ou une occupation inhabituelle.

Avec Wikipedia, et la masse d'information disponible je me disais que ces faits réels non plus lieu d'être. Par exemple je reproche à un recueil de Boyd lu récemment de trop s'attarder sur les détails concrets du métier d'un vendeur de piscines, ou d'une ouvrière d'un abattoir.
Si ces détails m'intéressent (ou simplement l'auteur qui parait feignant) je n'ai qu'à faire quelque recherche sur le net pour les obtenir.

 
Je ne suis pas intéressé par le métier de vendeur de piscines. Mais je n'ai pas non plus un intérêt énorme pour les voyages de Magellan.

Pourtant, cette fois le livre fonctionne. D'abord il respecte un principe essentiel pour ne pas ennuyer le lecteur : il n'a pas comme propos de parler des voyages de Magellan. Dès le début il prend comme narrateur un esclave qui va se retrouver sous la coupe du bon Magellan presque par hasard.

L'histoire que nous lisons n'est pas celle ennuyante (ou feignante pour l'auteur) d'un personnage historique c'est le récit d'un être normal qui suit le parcours du personnage historique.

Cette approche je crois est génial en plusieurs points. Le plus évident est de rendre le récit intéressant en lui-même plutôt que d'apparaitre comme un traité d'histoire. Les passages les plus faibles sont ceux qui mettent Magellan en avant (quand il réclame l'autorisation au roi de partir, et quand il affronte une mutinerie).
Le second point bien plus génial est que le récit peut se permettre l'erreur historique. Nous avons un narrateur (qui est aussi celui qui écrit le livre) qui ne connait pas les faits, et qui a pu les transformer dans son récit. J'imagine que Peillard pensait à juste titre se couvrir ainsi s'il faisait une erreur historique (et l'on en fait toujours).

J'ai apprécié l'histoire de cet esclave qui nous enseigne sans en avoir l'être le périple de Magellan. Le dernier chapitre un peu long et surprenant nous apprend comment l'auteur (il n'est pas nommé) a trouvé le manuscrit de cet esclave dans une bibliothèque dans le sud de la France et a décidé de le publier. C'est un passage tellement différent dans le ton : entendre parler de la bibliothèque nationale de Cannes où je ne sais pas quoi quand on vient de passer une heure dans les cales d'un navire au large du détroit de Magellan, ça fait un choc désagréable. On a l'impression de lire un autre récit. Surtout ce passage est inutile on a déjà accepté que le livre est écrit par cette esclave, et le récit de sa découverte ne lui donne pas plus de réalité. À la rigueur cette découverte au début du récit aurait fait plus de sens.

 Dans tous les cas, un très bon livre, et une bonne surprise même quand, comme pour moi on est indifférent à l'histoire navale et aux explorateurs.

Ah oui ! Malgré internet, on peut encore écrire des livres qui enseignent quelque chose. Parce que c'est toujours plus agréable d'apprendre des faits réels par la bande, en entendant le récit d'une mutinerie et d'une tempête qu'en en lisant le rapport froid dans une encyclopédie en ligne.



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