La "bibliothèque Rouge et Or" fait sien l'adage de ne pas juger un livre par sa couverture, je dois donc mettre l'intérieur de couverture pour distinguer un livre d'un autre |
Si je peux prétendre à un peu de gloire ici, c'est que je crois être la seule personne du net qui évoque l'existence de ce livre : » Les Mahuzier chez les Indiens Guaraos » écrits par Philippe Mahuzier. Publié en 1966 par les Éditions G.P. dans leur collection pour jeunes « Rouge et Or ».
Si ce n'est pas le cas je suis curieux de savoir qui d'autre que moi a pu lire ce livre, et surtout ce qu'il/elle a trouvé à en dire.
Comme signalé ici à plusieurs reprises, depuis que j'écris quasiment chaque jour de l'année, il me devient très difficile de lire. Un livre que j'apprécie en tout cas. Si je l'apprécie, au mieux je tente de l'imiter, au pire cela me dégoute de continuer à écrire.
Heureusement il y a près de deux ans, un de mes voisins (je suppose la famille allemande-roumaine du deuxième étage) a laissé, dans la cage d'escalier, une boite contenant une vingtaine de livres avec un petit mot « servez-vous ». Après avoir pris un ou deux livres, quand au bout d'une semaine personne ne piochait dans le contenu hétéroclite, j'ai embarqué la boite.
C'est ainsi que je me suis trouvé en possession de ce « Mahuzier ». C'est parce que je ne lis quasiment plus que des livres dont je n'attends rien que je l'ai lu.
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Le récit commence par une émission radiophonique «
Les gens sont formidables », dont il me semble avoir déjà entendu parler dans un
de ces reportages historiques sur la France sous Pompidou ou De Gaule.
Le narrateur organise son voyage pour partir en
Amazonie avec sa famille faire un film sur une tribu locale. À ce moment j'ai
commencé à suspecter que c'était moins une fiction qu'un récit de voyage
romancé. Seulement alors j'ai décidé de regarder le nom de l'auteur et constaté
que c'était le Mahuzier père de famille du roman.
À partir de là, il n'y avait plus de doute possible.
Les événements du récit confirment d'ailleurs son côté vrai. Les péripéties sont
trop banales pour être le résultat d'une fiction. D'abord un des fils tombe
malade durant le trajet en bateau. Le trajet se fait d'ailleurs sur un bateau de
croisière sans aucun risque d'aventure. Puis les « aventuriers » (ils se nomment
eux-mêmes ainsi) remontent l'amazone avec un bateau gonflable, et cela prend
près de la moitié de livre sans qu'il ne se passe rien de plus que quelque
vague, et une remorque qui se décroche.
La seconde partie se passe dans la tribu, mais
l'essentiel des interactions (sans doute à cause de la langue) se font avec un
Français, ancien de la légion, qui a fui ici il y a des années et épousée une
locale. (L'émission de radio consistait à retrouver sa famille et lui faire
parvenir ses médailles militaires, et c'est les Mahuzier qui se sont chargés de
cette mission)
Donc on a droit au récit de la vie de notre
Français. On se moque un peu de sa famille. On filme la pêche aux crabes, et la
chasse au papillon. Et l'on rentre en France avec « plein de belles images dans
la boite ».
Au fond de moi, j'ose croire que peut-être ce récit
est plus qu'un récit de voyage. Une pure oeuvre de Fiction de Mahuzier. Sartres
disait que le livre « U.S.A » de John Dos Passos était le meilleur livre jamais
écrit. Le jugement est sans doute biaisé par l'importance de la dialectique
communiste dans le livre de Dos Passos. Mais il y a quelque chose de saisissant
dans ce livre : Dos Passos décrit la vie de gens, un infirmier militaire, une
secrétaire d'un magna de l'automobile, des gens de toutes origines, des
mendiants, des femmes de généraux, etc et même certaine personnalité politique
réelle ayant existé.
La valeur du livre tient dans le fait que tout
parait vrai. Les histoires ne semblent pas inventées. Tout parait plus que
plausible et porte même parfois la patine de l'ennui du quotidien. Le fait
d'intercalé des personnes réelles, dont la biographie possède des événements
prouvés, au milieu de toutes ces vies inventées aide au réalisme des personnages
fictifs.
J'ose croire que Mahuzier a fait pareil. Dans ce
cas, c'est un auteur incroyable. Parce qu'il n'y a rien de plus dur que de faire
croire au réel. Ah si ! Rendre le réel intéressant à lire. En cela, par contre,
il a échoué.
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