fun fact: la rue éponyme n'apparait que dans une ligne secondaire dans tous le livre |
Je me suis rappelé avoir lu ce livre quand dans la première scène le détective déclare que les annuaires sont le meilleur outil d'investigation possible. J'ai dû le lire il y a au moins une dizaine d'années.
Mais la remarque m'avait plus au point de m'en souvenir. Prendre un objet du quotidien et lui donner une fonction légitime et hors du quotidien est une trouvaille merveilleuse.
C'est le seul bon souvenir de ce livre. Je me souvenais ne pas l'avoir aimé. Je l'ai quand même relu pour savoir pourquoi. Ou pour savoir si je l'avais lu en entier.
Palahniuck dit qu'il ne faut pas chercher à écrire bien. Ou ne pas chercher à écrire pour être apprécié. Il faut écrire pour qu'on se souvienne. Il prétend qu'on peut — ou qu'on doit — écrire les pires horreurs pour être certains que le lecteur même s'il déteste ce qu'on a écrit au moins s'en souvient. Tout ce qui compte c'est qu'on se souvienne qu'il s'est passé quelque chose.
Je croyais n'avait pas lu le livre jusqu'au bout. Pourtant je me suis rappelé, en y arrivant, d'une des dernières scènes. Quand les homos utilisent une ligne de téléphone inutilisée, pour se donner rendez-vous les uns les autres. Ça aussi c'est une trouvaille. C'est crédible — sans doute vrai avec les vieux téléphones analogiques pour un livre paru en 1978 — et ça transforme un outil du quotidien en autre chose. Surtout la narration est tout en subtilité. Il n'est même pas précisé que ce sont des homos.
Le livre n'est donc pas si mauvais puisque je me souvenais de ces deux scènes des années âpres.
Sinon, le livre est bien écrit. L'humour au début tient dans « vous ne trouvez pas qu'il me ressemble » que répète sans fin le narrateur en montrant une photo, pour espérer trouver son identité passée. À force de répétition c'est très drôle, surtout que le reste de ces interventions sont très froides et sans aucune forme d'investissement personnel. Quand il demande si ça lui ressemble c'est comme une supplique. Au fond c'est peut-être plus tragique que drôle.
Une autre chose qui m'a frappé c'est le nombre de partouzes du livre. Tout le monde partouze. Au début le narrateur visite des restaurateurs dont les clients finissent par partouzer. Puis on parle des amis du narrateur qui serait de sacrés fêtards et partouzeurs. Les homos de la scène du téléphone semblent se livrer aussi à l'activité. À la fin, il est sous-entendu qu'avant de fuir en Suisse, les amis du narrateur organisent des partouzes dans leur chalet de montagne.
Le reste de l'histoire se laisse lire. Ce n'est pas une enquête policière. Ou l'enquête est prétexte à une galerie de personnage qui apparaît les uns après les autres, donne le nom du témoin suivant puis disparaît à jamais. Ce n'est pas un récit construit. C'est un récit d'ambiance. Pas mon genre, mais c'est bien écrit.
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