04 mai, 2013

Anna, soror: Découverte d'un théme récurrent chez Yourcenar


J'ai changé l'orientation de ma table de travail. Du coup un reflet lumineux apparait sur  les photos prisent de ma webcam.
Depuis Alexis et le coup de Grâce Je devrais savoir maintenant que Yourcenar est une auteur de roman policier. J'ai commencé par lire les "Notes" du début de ce livre. J'en ai eu du regret en constatant que le mystère que Yourcenar construit m'avait été révélé dans ces "Notes".




A la réflexion si je n'avais pas lu ces "Notes" comme pour le Coup de grâce j'aurais absolument pas compris ou Yourcenar veut en venir et le livre m'aurait sans doute ennuyé.
Elle est tellement subtile, elle révèle tellement discrètement de quoi il s'agit dans ce livre que l'on peut même louper le passage de 2 phrases ou l'acte (la relation incestueuse) s'accomplit.

A force de lire Yourcenar je crois déceler un thème récurrent: Raconter un amour politiquement incorrect.
Dans Alexis et le coup de grâce c'est l'homosexualité. Dans Hadrien, je crois qu'il s'agit moins cette fois de l'homosexualité (parfaitement politiquement correct dans la rome antique) mais peut être (je tire sans doute un peu sur la corde) l'amour pour un mort. Sans parler de nécrophilie proprement dit, on peut noter que l'amour d'Hadrien pour son amant ne gagne en puissance et en description qu'une fois que cet amant est mort. Yourcenar ne détaille vraiment cet amour entre les deux hommes qu'après que le second se suicide. J'ose croire que c'est un peu voulu, et qu'elle voulait sous entendre la nécrophilie.

Surtout rétrospectivment en lisant "soror". L'inceste est à peine traité en tant que t'elle. C'est juste décrit comme un amour que la société réprouve. Comme c'était le cas dans Alexis, comme la société romaine réprouve la déification qu'Hadrien proclame pour son défunt amant.
Mon souvenir de l'oeuvre au Noir est trop lointain pour que j'y retrovue encore ce processus ou Yourcenar décrit un amour hors norme. J'imagine de toute façon que les possibilités ne sont pas infinies (tant qu'on ne veut pas tomber dans le trivial ou le grotesque).

Qu'importe cette passion de Yourcenar pour raconter un amour peu commun. Ce qui est certain c'est la subtilité avec lequel elle le fait. Et une fois encore le coté roman policier.
Si j'avais eu un prof au lycée qui nous avait fait étudier Yourcenar en insistant sur ce coté indices révélés discrètement au fur et à mesure, et mystère à résoudre, j'aurais sans doute développé une passion pour cette auteure dont le talent phénoménale tient à la construction d'intrigue et la justification des caractères des personnages.



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