06 août, 2013

Bataille: Ma mère



Vendre un récit érotique avec pour couverture la vieille tête laide d'un auteur assez méconnu: "Génial Coco, ça va faire un tabac!"

Apres les nouvelles érotiques du même auteur qui ne m'avaient pas emballé, je suis plutôt entrer facilement dans ce récit. Parce que, enfin, il a pour lui l'avantage de la construction romanesque.
L'ensemble du moteur romanesque doit toutefois se résoudre dans la première dizaine de page: Le narrateur adore sa mère, il est croyant fervent; A la mort du père, la mère lui révèle que c'est une jouisseuse, et entraine son fils, facilement convaincu, sur le chemin de la débauche.




Dans la centaine de pages suivantes, on assiste au comment de cette débauche. C'est plus dans l'allusion et la retenue. On attend surtout que l'amour du fils devienne incestueux, sans trop savoir si ca va relancer le récit.
Je soupçonne, sans vraiment y croire, que notre époque quasiment exempt de tabou sexuel nous a rendu insensible à ce récit, qui traite, comme d'une "délicieuse" perversion, de l'homosexualité, du masochisme, du fétichisme de la souillure. Ca ne fonctionne pas ,moins à cause de cette différence culturel, que parce que la sexualité ne peut s'élever, aussi volontiers que le souhaiterai l'auteur, au rang d'objet sacré. On a tout simplement du mal a croire que le narrateur puisse éprouver un plaisir mystique à la vue du cul de la copine de sa mère. Ca ne fonctionne pas. Peut être que ca ne peut, tout simplement jamais fonctionner, par la trivialité (expérimenté par chacun de nous) du fait sexuel.
 Borges,  dans sa merveilleuse nouvelle "le secret", a joué avec l'idée de la sexualité comme objet mystique. Il y parvient avec brio,parce que justement il évite absolument toute allusion au sexe (cet évitement est même le cœur de la nouvelle).

Quand l'inceste fait réellement son apparition dans le récit, c'est pour immédiatement être empêché: La mère s'enfuit pour l'éviter. C'est une bonne trouvaille, vu que l'inceste paraissait une suite évidente (trop évidente) au récit. Et qu'il n'aurait entrainé qu'une suite de superlatif tentant de dépasser les premiers superlatif de l'expérience mystique du sexe.

Comme dans les nouvelles, je crois comprendre que l'auteur, dans ce récit aussi, avait une intention philosophique. Cette intention est moins marquée que dans les nouvelles, ou elle tend à tuer l'histoire par l'absurdité destinée à montrer quelque-chose de plus "grand"qu'une partie, un peu kinky, de jambes en l'air.
Ici, s'il y a un message philosophique, heureusement on ne le voit pas.



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