03 août, 2013

Simenon: L'affaire Saint-Fiacre


Avoir la pipe du protagoniste dans un logo utilisé sur des milliers de livres différent est une réussite en soi
Les "Maigrets" ne sont pas des romans policiers. Ce sont des romans qui décrivent des individus laches, malfaisants, égoïstes, en un mot détestable.
Avec juste 2,ou 3 Maigret lu, je sais déjà que je n'aime pas.



Dans "American Psycho" le protagoniste est détestable, seulement il est suffisament original pour qu'on s'intéresse à lui.
Dans Maigret, ou comme je le soulignais dans les livres de Mauriacs, les personnages sont bien trop proche de nous. On craint de leur ressembler, ou on connait des gens qui leur ressemble.
La sensation est suffisamment désagréable pour m'empêcher d'apprécier de lire trop de roman de ce type. Il y a quelque chose de physiquement épuisant à assister à ce qu'il y a de plus mesquin dans l'âme humaine. Pour moi, au moins. J'adore lire des romans sur des personnages détestables... Tant qu'ils sont très loin de ce que je connais.
Pourtant ce roman, s'il commence assez faiblement.( J'ignore si l'ennui que provoque le roman n'est pas entièrement du à l'ennui que me causait la série télé.) Finit en apothéose.
Le fait que ce n'est pas Maigret qui résout le crime est déjà une trouvaille sympa. Le fait que chaque détail précédent trouve sens à la fin est une qualité trop rare actuellement pour ne pas être appréciable.
J'ignore aussi pourquoi j'adore ce processus simple et ultra-cliché qui consiste à placer tout les suspects ensemble (ici autour d'une table) et a donner les raisons de chacun de commettre le crime. Même (surtout) ceux que l'on ne soupçonnait pas jusqu'à présent.
Le rythme hystérique de la fin, est aussi agréable après les atermoiement languissant du reste du livre.
Seul ombre, le début mystérieux : Le crime a été signalé à Maigret AVANT sa réalisation. Ne trouve, à la fin, aucune explication. On en suppose une (pour faire accuser quelqu'un d'autre) mais vu que la façon de tuer se qualifie à peine comme un meurtre (c'est souligner par les personnages),le criminel aurait mieux fait de ne rien dire avant, et son crime n'aurait même pas été détecté en tant que tel.
Avec un début, aussi insistant sur le motus operandi, il est dommage que l'on constate, à la fin, que ça n'a aucune justification rationnelle.
Et le plaisir d'un roman policier vient, je penses, de la victoire du rationnel dans un monde qui ne l'est pas.

A noter que dans ce livre, Maigret apparait comme bon-vivant, aimant manger copieux et boire de l'alcool (ceux que confirme la série TV) mais aussi ayant un certains succès auprès des femmes (dans une longue scène une jeune femme lui fait du gringue).
D'après ma faible connaissance des romans policiers, c'est la première fois que ce type de personnage apparait. Avant, avec Maupin de Poe, puis Holmes et Poirot, les enquêteurs sont toujours extrêmement rationnel, et sans passion. Le roman noir (le faucon maltais?), puis Nestor Burma a introduit l'enquêteur plus ou moins alcoolique et plus ou moins obnubilé par les femmes. Mais toujours bel homme.
Maigret doit être le premier anti-héros , ou plutôt, homme normal, qui est aussi un enquêteur. J'ignore si le charme qu'il opère dans ce livre se retrouve dans les autres, ou si j'ai projeté dans ma lecture la passion démesurée de l'auteur , en tant qu'homme, pour le sexe.












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