08 février, 2013

Borges: Nouveaux contes de Bustos Domecq


Pourquoi tout est en minuscule, même le nom propre? Le mystère le plus passionnant du recueil
L'ensemble des contes repose sur un procédé littéraire, que, faute de mieux, j'appellerai "l'humour du vocabulaire". Oui, c'est aussi ennuyeux que ca sonne.

Le plus célèbre, ou plutot, celui qui a le plus poussé à bout cette "méthode" comique doit être Pierre Désproges.




Je n'apprécie pas l'humour de Désproges mais ca doit être celui qui fait passer le mieux " l'humour du vocabulaire". Tout les autres, dont Borges ici en font quelque chose de lourd et d'incompréhensible.

Parlons un peu des autres utilisateurs que j'ai rencontré récemment adepte de "l'humour du vocabulaire":

J.M Erre. : " L'autre arrosait le rachitique chlorophydien"
C'est le moment, ou j'ai arrêter la lecture de son livre. Mention d'honneur à une phrase précédente, qui déjà m'avait fait tomber le livre des mains: "Ils abordèrent le thème millénaire de la mère prostitué"
Cette dernière phrase est peut être pire car elle fait référence à une insulte tellement cliché, que ca n'a pas sa place dans un roman (même sous une forme vaguement dissimulé comme ici)

A.Jardin:  "Des foules de créatures amphibies bivouaquent en maillot de bain, entassées sur des serviettes-éponges"
Parfois, comme ici, le propos de "l'humour du vocabulaire" mériterait une traduction.

Ce qui apparait déjà dans le genre, c'est que le plus souvent (et c'est sans doute là ou Desproges se distingue , ainsi que Borges, mais sans talent ) l'humour du vocabulaire est employé pour dire une banalité.
Tout se passes comme si l'auteur n'arrivait à songer à rien d'autre qu'a son lieu commun à dire:
"Il arrossait sa plante", "Ils se traitèrent de fils de putes", "Des gens pic-niquent sur leurs serviettes de bain"
Et que devant tant de banalité, conscient que c'est faible, l'auteur décidait de prendre un dico de synonyme et de remplacer le plus de mot possible.

Je ne veux pas être mauvaise langue, je crois que ces auteurs ont assez de vocabulaire, pour faire la transformation sans dico de synonyme. Par contre le résultat de fonctionne pas.
Ca ne fonctionne pas, parce que l'humour repose ici sur l'obscurcissement: On cache quelque chose, et le lecteur est surpris, et rigole quand il découvre le sens réel qui se cache derrière les mots inhabituels. Ca ne fonctionne pas, parce que dans ces cas, le lecteur découvre qu'en fait on s'est foutu de sa gueule, et que le sens caché est minable.
Desproges, je crois, évite l'écueil en veillant à avoir le sens caché, lui aussi original.

Revenons à Borges (et à J.M Erre) les personnages de ce roman (et ceux de Erre) parlent tous de cette façon ampoulée. Ca rend le livre incompréhensible, vu que l'on ne sait plus qui est le narrateur. Et pire, ca rend le livre ennuyeux, vu que tout est sur le même ton lourdingu (ou "comique" pour ceux qui aime). Si tout est "comique" plus rien ne l'ait: Ca devient la norme, et l'humour qui est toujours basé, d'une façon ou d'une autre, sur la surprise, perd de sa force.
Donc quand Bustos domecq parle il parle en métaphore ampoulée ou ancrée dans le quotidien le plus trivial. Mais les gens qui lui racontent leur histoire parlent de même. C'est le pire procédé narratif, puisque le lecteur ne peut plus suivre de qui il est question. C'est une erreur que je trouve impardonnable de la part d'un romancer: Faire parler tout les personnage de la même façon, quand cette façon est particulière. Je n'ai jamais dépasser les premiers chapitres d"'Au bout de la nuit" pour cette raison: L'impression que tout le monde parle pareil, et que ce "pareil" est incompréhensible à force d'obscurité, et de "style".

Les histoires de Bustos sont tellement à métaphore imbriquée... Disons, pour illustrer, que le personnage veut dire qu'il prend le tram pour aller chez son ami.
Borges remplacera "tram" par "le véhicule des démunis" puis trouvant "véhicule" encore trop commun, ca deviendra "le remplace-pied", à la fin on lit "il escalada le remplace-pied des démunis pour partager un maté avec une connaissance de la Plata". J'invente, mais tout est du même acabit. C'est comme si Borges (et Casares le co-auteur) s'amusaient à rendre l'histoire la plus incompréhensible possible en remplaçant tout les mots communs.

J'adore Borges, mais là, il commet quelque chose d'infâme.



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