24 mars, 2013

L'évolution du héros: Télé, Ciné, Litérature



Le monomythe, inutile comme outil de création mais agréable comme simplification de l'interprétation des oeuvres. En littérature comme en physique des particules, tout le monde veut une théorie unifiée



Je crois avoir découvert cette théorie sur la façon dont le divertissement traite différemment, en fonction du média, l'évolution des personnages mit en scène.
J'ignore si quelqu'un l'a déjà découverte, ou, plus probablement,  l'a déjà réfuté.





C'est une théorie sur la création artistique, et comme toute ces théories elle n'est d'aucune utilité concrète pour un artiste.
Mais elle est jolie car symétrique: Plus un média est "rapide" (TV plus rapide que cinéma qui se consomme plus vite qu'un livre) plus les personnages vont vers la simplification et la caricature au cours de leur évolution.
Les séries télés sont célèbres pour ça: Joey de Friends, ou Kelly de Mariés 2 enfants, commencent comme des personnages un peu bébêtes pour finir ne sachant ni lire, ni compter, et se faisant pipi dessus.
La caractérisation va vers l'extrême. Le cinéma lui, est trop court pour laisser voire l'évolution d'un personnage. Mais quelques trilogies nous font supposer que c'est le même chemin qui est prit: Dans stars wars ou Indiana jones, le personnage d'Harrison Ford commence comme un aventurier un peu gouailleur pour finir comme un super héros, qui a une répartie acerbe dès qu'il ouvre la bouche. Mais je dois admettre que Luke Skywalker de son coté gagne en profondeur et en noirceur: L'innocent fermier naïf devient un tueur mature avec un destin dramatique. En ce sens le cinéma se situe bien entre la TV et la littérature.

Parce que dans les livres je crois que le schéma inverse de la télé se produit: Harry Potter commence comme un gentil garçon abusé mais plein de bonne volonté, pour finir comme une machine implacable avec un agenda. C'est en parti du au fait qu'il vieillit au cours du récit. Mais, même les romans court (sans suites), on a ce type de progression. "Orlando" de Jane Austen a le personnage éponyme qui commence comme une sorte de plaisanterie vivante: Homme, ou femme , on ne sait pas, mais plus grand que nature, pour finir comme un être simple, un peu inquiet de sa place dans le monde.
Même "Madame Bovary" commence comme une femme un peu snob, pour finir tragiquement comme un femme qui n'a pas pu vivre à la hauteur de ses nobles aspirations. Même "Don quichotte" commence stupidement par foncer sur des moulins, pour terminer plus posément: Il ne se fait plus tromper par son délire, mais par l'astuce et la méchanceté des autres personnages. Chacun a gagné en profondeur par rapport au début du roman.


Ma culture est trop faible, pour multiplier les exemples. Ou surtout trouver des contre-exemple qui seraient significatifs. Mais je ne crois pas qu'un personnage de littérature n'ait finit un récit plus simpliste, et plus grossier dans ses motivations, qu'il ne l'a commencé. Peut être Hercule Poirot, mais c'est sans doute l'expression de la lassitude avouée d'Agatha Christie pour le personnage.

L'inverse me semble aussi vraie en télévision. Barney Stinson gagne peut être en profondeur au cours de sa relation avec Robin, mais tous le reste de son comportement (la volonté de gagner, l'invention de "plans" saugrenue, etc) devient de plus en plus extrême.

Notre gout pour des solutions globales simples n'est surpassé que par notre passion du football



Admettons que ca se passe généralement ainsi pour la simplification de l'argument. Pourquoi je parles de cela? Parce que pour l'écriture je penses que c'est une "erreur" (contrairement aux conseils donnés partout) de détailler ses personnages. Les cours de l'auteur de Fantasy Brandon Sanderson sont certes très utiles et bien construits pour aider à rendre son récit plus intéressant.
Mais lors du cours sur la création des personnages, il conseille cette méthode (que je trouve improductive) de répondre à des questions  : Age, métier, hobbies, cheveux, yeux, etc du personnage, mais aussi un secret inavouable et un but hors de l'intrigue.
Les deux derniers éléments sont les seuls peut être valable. L'age, le métier et les hobbies ne font aucun sens. Soit c'est dicté par l'intrigue et on n'a pas a volontairement se poser ces questions (on a la réponse), soit ça ne l'est pas, et ça n'apporte sans doute rien au récit.
C'est peut être utile pour "écrire" quelque chose (juste ajouter des mots) à propos de ces personnage. Mais Brandon, lui-même, met , ailleurs, en garde contre la pure description: Il faut qu'elle serve à détailler le caractère ou l'ambiance. Et que le héros ait des yeux bleus ou marron, n'apporte généralement  rien au récit.

Pour en revenir à ma "théorie", il faut commencer son récit avec un personnage le plus simple et caricaturale possible: "L'idiot" de Dostoievski commence comme un vrai Idiot, il finit comme figure Christique.
Parce que ca permet de lancer le récit, d'avoir des motivations simples et claires rapidement. Et de TOUTE façon, le personnage prendra forcement de la profondeur au cour du récit.
Même tout seul, même si ce n'est pas prévu. A force de lui faire vivre des choses étonnantes, il finira par murir et les traits grossiers du début s'estomperont.
Si on commence par un personnage complexe, avec une histoire implicite lourde, (j'ignore même si c'est possible, ou si ca été fait) on va passer des heures à le détailler pour oublier de lui faire vivre quelque chose d'intéressant. Mais ce n'est qu'une impression, en tout cas une "méthode" que rétrospectivement je me surprend à suivre quand j'écris: D'abord des traits simplistes, puis un personnage qui se complexifie.

Mais la façon d'aborder la progression dans la télévision a aussi un intérêt. Si les personnages deviennent caricaturaux, ce n'est pas à cause du média qui ne permettrait pas de donner de la profondeur. Certains personnages (même dans les sitcoms) deviennent de plus en plus fouillés.
Dans Friends, c'est peut être Chandler qui a cette progression, pendant que tous les autres deviennent leur propre caricature (Monica de plus en plus obsédé pour "gagner" , Phoebe de plus en plus extravagante, etc). Ce n'est pas non plus parce que les créateurs sont à court d'inspiration pour leur gag et qu'ils doivent chercher de plus en plus dans des comportement stupides, facilités en caricaturant le personnage. Il y a suffisamment d'auteurs talentueux impliqués dans ces séries pour que le niveau de "blague" n'ait pas besoin de s'appauvrir au fil du temps. Je crois que cette 'simplification' est une demande "implicite" du public.
Après tests, sondages, projections critiques, les auteurs ont un retour du public qui demande des personnages caricaturaux; Ou plutôt,  ils sont déçus si Joey est un peu moins stupide que d'habitude.

Une étude (dont je ne retrouve plus les références, il faudrait que je prenne l'habitude de les conserver quelque part) prouve que quand nous lisons un livre, l'identification au personnage peut modifier notre façon d'agir durablement dans notre vie. J'ignore si cela a un lien avec la complexité croissante des personnages au cours d'un récit. Par contre je suppute que ça n'opère pas du tout quand on regarde un sitcom. Et sans doute plus ou moins pour un film.

Ce que j'essaie de dire, c'est que nous aimons lire parce que l'on s'identifie avec des personnages que l'on découvre au fur et mesure dans toute leur richesse.
Alors que nous aimons les séries télé parce que les personnages sont simples et basiques pour nous détendre et nous amuser: On ne veut pas s'identifier à eux, et c'est pour cela que l'on réclame qu'ils soient le plus caricaturaux.















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