28 mars, 2013

Voltaire: Lettres choisies





J'ignores comment la centaine de lettre (sur plusieurs milliers) du recueil ont été choisies, mais elles valent toutes le coup.




Voltaire est drôle. Tout le temps. Que ce soit à la fin quand il écrit à Diderot (qu'il n'a jamais rencontré) "en revenant (d'Allemagne, ou Diderot est en mission) passez par mon tombeau" , ou quand il demande l'autorisation au pape de lui dédicacer une pièce de théâtre anti-religieuse (La, c'est essentiellement pour se protéger, quand même).

Voltaire est un flatteur. Un faux modeste, et il le fait très bien. Le moment je trouve le plus marquant est la série de lettre qui accompagne le voyage de Voltaire chez Frédérique II. Au début le philosophe est enthousiaste. Il corrige les vers du noble, et relate les attentions de ce roi à son égard.
Puis il commence à se plaindre des rivalités qui ont lieu dans cette cours, qu'il décrivait jusqu'à présent comme la plus intelligente d'Europe. Finalement il fuit littéralement la Prusse en suppliant le roi de le laisser partir.
Ce qui est marquant, c'est moins les faits qui ont provoqué ce revirement que la surprise de Voltaire: A un moment il se rend compte que le roi le flatte. Lui, voltaire, le flatteur, lui qui était si fier de l'amitié de ce roi, se rend compte que l'autre en a rien à foutre, et se comporte aussi "gentiment" avec tout ses proches.
On imagine sa surprise, et il y a une sorte de morale à constater qu'il tombe par où il a péché (la flatterie).

Mais, on ne peut jamais en vouloir à Voltaire, parce qu'il semble si honnête, ses préoccupations sont si pratiques, et son sens de la justice ne semble jamais feint. Et surtout il se fout de sa propre gueule. C'est une technique imparable pour attirer l'amitié, et il l'a manie avec brio. D'abord, il moque sa maladie qui le rend impropre à faire quoi que ce soit. Puis il rappelle qu'il n'a plus de dents, etc ... Ca devient comique à force de lire toutes les fin de lettre ou subtilement il se dénigre à propos de sa santé. Ce qui est agréable c'est qu'il ne fait pas pour qu'on le plaigne (ou pas trop) mais pour souligner (ou plutôt feindre) son "inutilité".

La moitié des phrases sont mémorables dans ces lettres et je regrettes de ne pas les avoirs notés. Justes celle là (2 ans avant sa mort) , a propos de Shakespeare qui remplace Racine et Corneille en popularité dans le coeur des français: "Tachez, je vous prie, d'être aussi en colère que moi; sans quoi, je me sens capable de faire un mauvais coup."
Je trouve l'idée de demander poliment à quelqu'un d'être en colère, une trouvaille fabuleuse.





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