09 décembre, 2012

Journal de voyage: la ville de Tehohnituan



Le couloir bifurque là où on l'a retrouvée


Si moi aussi je peux prétendre à un morceau de bonheur, une grande partie se trouve lors de mon existence dans la ville minière de Tehohnituan. Que je continue si longtemps après à l'appeler une ville minière dit bien a quel point la mine qui pourtant fut abandonné bien avant mon arrivé avait marqué la ville et ses habitants. Les anciennes installations de la compagnie de forage d'état Chilienne avaient été recyclées pour faire place à un centre d'étude permettant à une partie des habitants descendants des anciens mineurs, de continuer à pouvoir vivre décemment dans les maisons traditionnelles qu'ils avaient occupées auparavant.



L'ironie de l'histoire voulait donc qu'un siècle plus tard tous les matins des hommes et des femmes vêtus du bleu de travail des scientifiques d'états descendaient dans cette mine désaffectée pour divers prélèvements. Quand j'arrivais on m'a assez vite proposé de visiter la mine. Tehohnituan reste une ville austère, et je crois que mes hôtes souhaitaient juste me dérider un peu ou m'instruire. Ils ne s'étaient pas trompés.
Quiconque n'a jamais pénétré une mine désaffectée devrait saisir l'occasion si elle se présente. Le silence, la sensation de pesanteur, la rareté de l'air, et surtout le spectacle brumeux qui se révèlent par intermittence comme né de l'attouchement du faisceau lumineux de la lampe torche, tout cela est saisissant en soi-même. Si on commence à imaginer les milliers de gens travaillant ici dans des conditions précaires, la presse, le danger, la faim et la soif parfois, et l'excitation de trouver et d'extraire le filon tant recherché. Alors on a dans sa tête et devant ses yeux un spectacle complet que même Rilke n'a pas parfaitement réussi  à rendre dans XXX.

En tant qu'occidental j'ai pu assez facilement obtenir un poste pour participer à la récupération scientifique de matériel et d'échantillon rocheux destiné à déterminé et affiner le processus de prédiction des secousses sismique de la région. Bientôt moi aussi je pu tous les matins descendre dans la mine. Rien que d'écrire, aujourd'hui hui, alors que la mort n'est qu'a quelques heures, ces mots magiques "descendre dans la mine" me donne une sensation de légèreté. Au bout de quelques mois j'étais, je crois, parfaitement informé des nombreux couloirs et détours de la mine. J'aurais pu la parcourir sans lumière et avec un fardeau encombrant à transporter. Mes collègues du moment m'avait un peu ostracisé. Apres tout mon espagnol n'était pas très bon, et je passais bien plus de temps que nécessaire dans les entrailles de la terre, et bien moins à mon bureau à faire la classification des échantillons ramenés.

 Mais bientôt ils durent se rendre à l'évidence que ma passion pour la vie souterraine pouvait être utile. Une jeune fille avait disparue. Certaines traces de sang laissaient penser que peut être elle s'était aventuré dans la mine. C'est moi-même qui fus désigné pour conduire la police. Et ma connaissance du terrain nous permis de retrouver la jeune fille en quelques jours. Malheureusement elle était déjà morte à notre arrivée, mais je fus célébré un peu comme le héros local ce jour là.


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