Vu cette 4eme le livre n'est ressorti que pour surfer sur le succès des 'Bienveillantes' |
L'humour littéraire est une denrée rare.
J.L.Borges prétendait qu'il n'existait pas, associant l'humour exclusivement à l'oral, comme je le rappelais hier. Il suffit de lire Proust (un amour de Swann essentiellement) pour se convaincre du contraire.
L'humour littéraire ne tient pas à quelque bon mots (comme on en trouve dans les dialogues de Nothomb ou les pièces de théâtre de Wilde), ni à l'absurde d'un Vian, d'un "Brave soldat Chveik" (dont l'auteur m'échappe) ou d'un Sterne, ni aux élucubrations pseudo-prétentieuse de Desproges. Tout cela fait sourire, mais sur la longueur d'un roman, ou même d'une pièce de théâtre (uniquement lu), cela lasse vite.
Si les comiques professionnels arrivent péniblement (le plus souvent) à nous faire rire pendant une heure, en mettant à contribution les mimiques faciales, les sons, les mouvements corporelles, on peut légitimement douter qu'avec la seule écriture un auteur pourra faire mieux sur un temps bien plus long. Cela relèverai du prodige.
Proust (ce prodige) est drôle avec parcimonie, en dosant parfaitement les répliques et les portraits qui subtilement sont d'un humour féroce sans jamais tomber dans la caricature et l'outrance. Un livre dont le seul but serait l'humour n'existe pas, il s'agit d'un dosage et d'une qualité (plus ou moins grande) d'humour.
Ce livre est "vendu" comme une vision humoristique de la Shoa. Ce qu'il n'est pas.
Malheureusement l'auteur partant sur ce prémisse à fait une première partie insupportable:
La jeunesse du nazi violé et battu par son père adoptif, apparait plus comme une punition ex-ante du narrateur, ou pire une justification ex-post, et même sans cela il eut fallut beaucoup plus de talent pour faire d'un tel propos quelque chose de drôle.
Heureusement la suite, à partir de la fuite du narrateur lors de la défaite allemande (à noté que le génocide en tant que tel n'est jamais narré), devient beaucoup plus passionnante.
L'outrance de la première partie cède la place à une sorte de délire léger et agréable; tel celui de la postface (qui aurait dû être le début du livre) sur l'échange épistolaire entre le nazi et le général israélien qui est sans doute la partie la plus drolatique de l'ensemble (pourquoi l'avoir mit en postface, cela me dépasse).
Donc une fois passé cette première partie, le livre devient lisible avec une histoire sympathique, et des personnages originaux, sans plus trop en rajouter dans les situations rocambolesques et choquantes. On regrettera toutefois le sérieux avec lequel le nationalisme israélien est traité alors que venant d'un ancien nazi il y avait moyen d'y mettre plus de légèreté, plutôt qu'un absurde jamais souligné. A noté qu'à un instant l'auteur montre que le nationalisme israélien du personnage est de la même espèce que celui qu'il avait pour le Reich Hitlerien. Malheureusement, il trouve vite des différences trop argumentés et perd ainsi tout effet comique.
Ce n'est pas un mauvais livre. Il est trop répétitif dans son procédé narratifs, et ca lasse forcément sur 500 pages.
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