07 novembre, 2012

Yourcenar: Le coup de grâce

Marguerite Yourcenar Alexis et le Coup de grace
Yourcenar l'impératrice du thriller

Entres Alexis et "Le coup de grace" j'ai fait l'erreur de lire les mémoires d'Hadrien. Bien mal m'en a prit parce que j'ai trouvé "le coup de grâce" débile au début.

Si vous craignez d'être prevenu, ou spoileré quand au contenu de ce livre ne lisez pas plus avant, parce que si Yourcenar est réputé pour son intellectualisme et sa nomination à l'académie française, c'est avant tout LA REINE DU SUSPENS!


Les cas sont rare en effet ou révélé la surprise d'un roman ou d'un film altèrent la qualité, même le plaisir que l'on prend avec l'œuvre en question. Le "Sixième sens" par exemple est mauvais. Seules ses cinq dernières minutes le sauve du néant. Inversement "Usual suspect" est excellent, les cinq dernière minutes sont une cerise sur le gâteau, mais le film fonctionne parfaitement sans la révélation.
En littérature "Le meurtre de Roger Ackroyd" n'est pas le meilleur d'A.Christie. Paradoxalement à cause même de l'absence du capitaine Hastings qui sert habituellement de faire valoir à Poirot. Et surtout donne une dynamique à la relation et à l'enquête dans les autres romans. La fin par contre est renversante. Ça doit être le seul cas, je crois, ou il ne faut pas spoiler le lecteur.

C'est pour cela que je ne vais pas hésiter à raconter le mystère qui hante ces deux livres de Yourcenar, parce que j'ai failli ne pas aimer le second à cause de ce pseudo mystère.

Alexis commence par un aveu difficile que veut faire le protagoniste à sa femme.  A force de voir Alexis tourner autour du pot (Yourcenar aime bien faire tourner ses personnages autour du pot) j'ai songé qu'il s'agissait de l'aveu d'un adultère.
Puis le livre, la confession (car s'en est une) avance. L'aveu est repoussé. On a droit à toute l'histoire de la jeunesse d'Alexis. Et les détails commencent à s'accumuler. J'ai deviné quelque page avant l'aveu (qui se fait par la bande), et sans doutes quelques pages après que Yourcenar planifia que le lecteur devinerai que le protagoniste était homosexuel.
C'était l'aveu qu'il voulait faire à sa femme. Pourtant concrètement, et c'est le génie de Yourcenar, il ne dit jamais " Voila, sachez le j'aime les hommes". Le lecteur l'apprend par une vague allusion: Des gitans passent souvent en été autours du chateau où vit le jeune Alexis. Une journée nous dit-il il part avec l'un deux, et revient le soir heureux et coupable à la fois.
Ma paraphrase est un million de fois plus faible que la façon dont Yourcenar le narre, mais le contenu est là. Ce qui révèle la subtilité de l'auteur, c'est que je suis incapable de me rappeler précisément les détails  qui portent le lecteur à soupçonner l'homosexualité un peu plus tôt dans le récit. C'est un faisceau essentiellement basé sur doutes , les questions et les scrupules d'Alexis qui petit à petit nous fait comprendre de quoi il retourne. Quand on le comprend, merci au talent de Yourcenar on se croit très malin.

Mais je ne veux pas parler ici d'Alexis, mais du livre suivant dans mon édition: "Le coup de grâce". Insupportable. Le propos en ait une amitié pendant la guerre des allemands contre les russes. Soudain le héros retrouve son ami dans le château de ce dernier. La soeur de son ami tombe amoureuse du héros. Et voila, pendant les trois quart du bouquin le héros repousse les avances de cette femme. Très belle. Le seul dialogue écrit esr l'aveu de son amour par la sœur. Le dialogue est court , mais subtil. Plein d'allusion et de flirt de part et d'autres. Mais non!
On est pendant la guerre. Jamais le héros n'exprime son rejet de cette amour. C'est tellement illogique, que ca m'a fait tomber le livre des mains. Parce que passant par Hadrien, j'avais oublié que Yourcenar m'avait déjà fait le coup sur "Alexis". Si le héros se refuse, c'est une fois encore parce qu'il est homo. Quand on le sait la lecture devient beaucoup plus agréable. Le comportement du héros fait enfin sens.

Le problème est qu'on ne l'apprend qu'à la toute fin. Par la bande une fois encore: Un militaire est jaloux de l'amour de la sœur pour le héros. Ce militaire est mesquin. On apprend que ce militaire révèle quelque chose à la sœur et soudain elle déteste le héros. On ne sait pas ce qu'il révèle, mais une fois encore le lecteur devine peu avant de quoi il s'agit par l'accumulation d'allusions. Peu après survient le "coup de grâce" donnant sont titre à l'œuvre.

Bref Yourcenar est sans doute le meilleur auteur de roman policier possible. Dommage qu'elle n'en ait écrit aucun.

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